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31.10.2025 : Zam Zam, alias Sébastien Gendre et Loris Mazzarolo.

3 novembre 2025 par
31.10.2025 : Zam Zam, alias Sébastien Gendre et Loris Mazzarolo.
SERVETTE-MUSIC SA, VPI

Bonjour à vous. Vous êtes le duo Zam-Zam depuis plus de 20 ans, alias Sébastien Gendre et Loris Mazzarolo, duo de musiciens pop-folk avec à l’actif de nombreux concerts essentiellement de vos compositions. Avant de parler de votre actualité, pouvez-vous nous raconter vos parcours.


Sébastien : J’ai commencé la musique à huit ans, dans une école, avec une formation académique de batteur. La batterie reste mon instrument de base, celui sur lequel je reviens toujours. C’est d’ailleurs en cherchant à développer ma propre musique que je me suis mis à la guitare, vers treize ans. Cette même année, j’ai eu un accident et perdu un doigt à la main gauche, ça m’a forcément marqué, et sans doute motivé aussi. À l’époque, aucun professeur ne voulait adapter sa méthode, alors j’ai appris seul, totalement autodidacte.

Ensuite, j’ai joué dans pas mal de groupes. Le premier un peu sérieux, c’était Mister Djam : dans lequel je composais déjà. Après ça, j’ai beaucoup tourné, beaucoup de bals, de dates, de soirées, entre quatorze et vingt-cinq ans, j’ai passé ma vie derrière une batterie. Plus tard, il y a eu Les Biscômes (comme les biscuits fribourgeois) un trio multi-instrumentiste qui faisait tout, du folk au heavy metal, en passant par les festivals et les concerts de rue. Et puis Papa Fred, un gros combo funk où je jouais là aussi toujours de la batterie. Zam-Zam, c’est finalement le projet le plus long que j’aie porté, et celui qui dure encore.

Loris : Moi, ça a commencé à l’adolescence. Il y avait un magasin de musique sur le chemin de l’école, et un jour j’ai décidé d’y entrer. J’ai commencé par l’orgue, puis mes parents sont rentrés d’Argentine avec une guitare classique : c’est là que j’ai vraiment commencé à jouer. J’ai pris des cours à Genève, je jouais avec des amis juste pour le plaisir, sans idée de concert.

C’est Seb qui m’a fait franchir le pas. On s’est rencontrés, on a joué ensemble, et il m’a tiré hors de la cave pour m’emmener sur scène. Mon premier concert : les Traverses musicales, en première partie d’Aston Villa. Nous deux à la guitare, 250 personnes dans la salle… J’étais plutôt flippé et surtout ailleurs. Ma femme était au premier rang, je ne l’ai vue qu’à la dernière chanson. C’est Zam-Zam qui m’a amené à vivre la musique autrement, dans un cadre de concerts, un peu plus professionnel.


Et aujourd’hui, où en est Zam-Zam ?


Sébastien : Cette année, avec Zam-Zam on a fêté les 20 ans de l’enregistrement de notre premier disque. En janvier, on a passé trois jours à la Villa Tachini, un lieu magique, pour rejouer ces morceaux et retrouver la formule de départ.

Le premier album, on l’avait enregistré en public à l’Undertown, à Meyrin, avec un percussionniste, un contrebassiste et un quatuor à cordes. On a peu rejoué cette formule sur scène, pour des raisons de coût, on tournait surtout en duo, ou en quartet. Pour les 20 ans, on a voulu se refaire plaisir : inviter les musiciens d’origine, rejouer ces titres jamais ressortis en version complète.

Et puis après le Covid, on avait tellement besoin de refaire de la musique qu’on a proposé aux gens de venir jouer chez eux, sans structure, sans cachet, juste pour le plaisir. On en a fait une série de petits concerts comme ça, à la bonne franquette, et ça nous a remis le pied à l’étrier.

Maintenant, on reconstruit : on a pas mal de nouveaux morceaux et deux projets : enregistrer ce nouveau matériel, et repartir jouer. On ne sait pas encore si ce sera un CD ou juste un enregistrement numérique, mais on veut que ce soit bien fait. Et on cherche des concerts pour 2025-26.

Loris : Oui, on cherche des lieux qui collent à notre univers : chanson française, variété, pop un peu folk. Ce n’est pas toujours simple, il y a moins de scènes intermédiaires qu’avant. On vise des endroits comme le Caveau d'Echandens, l'Echandole à Yverdon, ou les caves de Bon-Séjour. On a un condensé de la captation de janvier pour proposer notre spectacle.

En 2026, on prévoit aussi d’enregistrer. Aujourd’hui, on privilégie la qualité : chaque concert, chaque projet doit être un moment chouette, préparé, humainement fort. On est moins dans la course à la quantité. On a aussi postulé aux Aubes musicales, un cadre parfait pour une écoute attentive, qu’on affectionne.


Pourquoi avoir formé un duo, et d'où vient le nom « Zam-Zam » ?


Loris : Au départ, notre lien s’est créé hors musique. On était amis, on discutait beaucoup. Un jour, Seb m’offre un DVD de Maxime Le Forestier, Plutôt guitare. C’était lui, Jean-Félix Lalanne, Manu Galvin, et Michel Haumont, un concert tout acoustique, d’une finesse incroyable. Seb m’a dit : « Écoute ça ! » On s’est mis à jouer ensemble, chacun amenait un bout de chanson, une idée. Au début sans prétention, juste pour le plaisir. Et puis les Traverses musicales sont arrivées, et on s’est dit : autant en faire quelque chose. Premier concert, et c’était parti. Seb venait d’un univers funk très énergique, moi j’étais plus chanson. Il a amené son écriture, son besoin de textes, et on a fusionné.

Sébastien : Le nom, c’est venu d’un mélange de lettres et de symboles. « Mazzarolo », ça donne MAZ, à l’envers ZAM. On aimait bien l’idée de dualité : deux guitares, deux voix, deux âmes : Zam-Zam. On a découvert plus tard que « Zam-Zam » c’est le puits sacré de La Mecque, qu’il y avait un groupe qui accompagnait Yannick Noah du même nom, et même une marque de cola saoudienne ! On a rigolé et gardé le nom : il nous allait trop bien.

Côté son, le DVD de Le Forestier nous avait bluffés. À l’époque, je travaillais à l’Undertown, ou on accueillait toutes sortes d'artistes. J’ai contacté le stage manager de Le Forestier, un type qui tournait, Chiquito, qui était venu avec un groupe à Meyrin, pour lui demander comment ils avaient obtenu ce son hallucinant. Il m’a donné deux-trois astuces qu’on a réutilisées pour notre album.  

Plus tard, on a eu la chance de remettre notre disque en mains propres à Maxime, après un concert au Forum de Meyrin. On voulait juste le lui offrir, comme un hommage. Il l’a pris, il a souri, c’était un beau moment.



Quels ont été vos tous premiers instruments ?


Sébastien : Si je te montrais la guitare avec laquelle j’ai commencé, tu rigolerais. C’était celle de mon père, une vieille guitare espagnole, sur laquelle j’ai mis des cordes acier : l’action devait être à deux centimètres à la douzième case ! J’en ai littéralement saigné des doigts. Je la garde précieusement. Ensuite, ma première électrique, c’était une copie de Stratocaster allemande, que j’ai toujours, équipée d’un capteur GR-5. Ma première acoustique : une 12 cordes Yamaha FG-40, les deux achetées chez Servette-Music. Elle vieillit magnifiquement.


Loris : Moi, c’était l’orgue électronique. Les gros claviers avec pédalier, tu vois ? Ensuite, la guitare classique que mes parents m’ont ramené d’Argentine. La première que je me suis payée, c’était une Peavey, copie de Strat. Puis une Washburn acoustique avec sorties jack et XLR. J’aime bien les Seagull (j’en ai plusieurs) et aussi mes Fender : une Strat, une Tele. J’ai un petit piano numérique, mais plus d’orgue. Au tout début de Zam-Zam, on jouait sur les mêmes modèles Seagull ; Seb est passé sur Taylor, moi je suis resté à Seagull.


Vous êtes tous les deux multi-instrumentistes. Quels autres instruments pratiquez-vous ?


Sébastien : Mon premier instrument, c’est la batterie. J’ai appris avec une vraie formation, lecture à vue comprise. J’ai beaucoup travaillé cet instrument, et j’en joue encore régulièrement. La guitare, je l’ai apprise seul. La basse, je l’utilise pour maquetter, mais je n’en jouerais pas sur scène. J’ai pris dix ans de cours de chant, indispensable. Un peu d’harmonica aussi. Et j’adore la musique celtique, les whistles, ces petites flûtes tonales irlandaises. Le clavier, non. Par contre, je maîtrise bien les outils de MAO : programmation, logiciels, tout ça.


Loris : Moi, c’est plus simple : guitare et clavier. Et par la force des choses, un peu d’ukulélé, histoire de varier.


Quels styles de musique vous influencent le plus ? Et comment avez-vous évolué avec le temps ?


Sébastien : Ce qui me touche, c’est la variété dans le bon sens du terme : la chanson qui raconte, la mélodie. J’ai un fond de funk, c’est ma pulsation naturelle, mais j’écoute de tout. Mon père me faisait entendre Genesis, Pink Floyd, Yes ; moi, je lui ai fait découvrir U2 et Iron Maiden. Aujourd’hui, je peux passer de Bach à Linkin Park, et mon fils m’a fait découvrir Orelsan, que je trouve brillant. Je n’ai pas un style fixe.

Notre musique a évolué. Au début, on chantait beaucoup à l’unisson ; maintenant, on travaille les arrangements : une guitare pose une base rythmique, l’autre apporte une couleur, on tisse.

Loris : Je suis un gros fan de blues à la guitare électrique : le jeu, le toucher, les solos. Mais dès que je reprends l’acoustique, je change complètement de posture : je cherche les cordes à vide, le fingerpicking, les harmonies naturelles. Ce n’est pas du tout la même approche. Sur l’électrique, je suis rythmique et soliste ; sur l’acoustique, je compose. J’aime John Mayer, par exemple : j’admire sa musicalité et sa sobriété.

Ce qui fait notre identité, c’est qu’on n’appartient à aucune école : on peut passer d’un morceau reggae à une ballade folk ou une chanson funk, tout en défendant les textes.




Comment avez-vous appris à chanter à deux voix ?   


Sébastien : J’ai pris dix ans de cours. C’est un vrai travail de fond, pas juste chanter juste. Dans nos répétitions, on passait des heures à chercher la bonne harmonie, la bonne place. On savait qu’on voulait éviter le simple doublage à la tierce, qu’on voulait créer autre chose, plus vivant.

Quand on a enregistré le premier disque, tout était capté en public. Aucun autotune, aucune correction. Il y a quelques petites imperfections, mais c’est ça qui rend le tout vivant.


Loris : Moi, j’ai appris sur le tas, et quand on a fêté nos 20 ans, après trois soirs de concerts, j’étais rincé. Je me suis remis à prendre des cours, surtout pour la technique et la gestion du souffle.

Le duo, c’est un vrai boulot : il faut savoir où se placer, qui prend quelle voix. On a une complicité naturelle, mais on continue à travailler. Dernièrement, on a bossé des reprises avec une chanteuse pour un concert caritatif, juste pour sortir de notre zone de confort. Chaque fois qu’on fait ça, on progresse. 


Qu’est-ce qui compte le plus pour vous dans une guitare folk ?


Loris : Le confort, avant tout. Le manche doit tomber sous la main, surtout pour le fingerpicking. Il faut un son équilibré, une belle projection, et un peu d’esthétique aussi. Une guitare, c’est d’abord un objet beau avant même d’être entendu : le bois, la patine, tout ça compte.

Sébastien : Pour moi, c’est l’équipement électronique. Le capteur doit être bon. La première génération d’Expression System (ES-1) ne me convenait pas du tout, donc j’ai fait installer un iBeam à la place. Depuis, je n’ai jamais voulu autre chose. Et comme Loris, je suis très attentif au confort : je n’aime pas les manches vernis, je préfère les manches satinés. Je regarde aussi d’où viennent les bois. J’aime l’idée des circuits courts, des fabrications locales. Certaines guitares ont des tables en épicéa suisse, très proches de l’Adirondack américain par leur densité, c’est magnifique.


Quelle relation avez-vous avec Servette-Music ?


Loris : J’y ai passé des heures à essayer des guitares que je ne pouvais pas m’offrir. J’y ai acheté une petite Seagull que j’utilise encore dans ma classe lorsque j’enseigne. Et surtout, j’y ai trouvé de la bienveillance. Sergio, par exemple, toujours un accueil chaleureux, toujours un conseil juste.

Sébastien : Moi, j’habitais à côté. J’y allais ado, au début pour la batterie, puis pour les guitares. J’ai beaucoup appris avec Yves et Steve, notamment à entretenir mes instruments. Ma douze-cordes Yamaha, je l’ai achetée là en revenant du service militaire, avec ma solde. Une façon de transformer une corvée en plaisir.

Je me souviens aussi d’une Strat mexicaine achetée un vendredi soir, après une semaine infernale. Sergio a fermé la boutique plus tard juste pour que je puisse l’essayer tranquillement.

Servette-Music, ce n’est pas qu’un magasin : c’est un bout de mon histoire. Je m’y sens chez moi.J’y ai conçu mon pédalier avec leurs conseils, choisi des alimentations, discuté pendant des heures. Jamais on ne m’a poussé à acheter. Toujours un avis franc, sincère.

Même mon dernier achat, un petit switch MXR pour la tap-tempo, est venu d’une simple question. Sergio m’a sorti le truc parfait.

Et puis, j’aime l’odeur du lieu. Avant, on passait par l’atelier des cuivres pour rejoindre l’espace guitare : il y avait les sons, les odeurs, le bois. Yves sentait les guitares avant de les tester, littéralement. Ça m’a marqué.La première fois que je suis entré, j’avais treize ans. J’en ai cinquante-quatre. Servette fait partie du décor de ma vie. À une époque, ma femme m’avait même interdit d’y aller sans autorisation, tellement j’y laissais du temps.



On apprend toute sa vie. Qu’avez-vous découvert ou travaillé récemment ?


Loris : Le système CAGED et les triades. Révélation totale. Je pensais connaître mon manche, mais pas du tout. Travailler les triades m’a ouvert de nouvelles perspectives : je vois maintenant la guitare différemment. Quand Seb joue une rythmique aiguë, je vais chercher mes notes dans le grave, ou l’inverse. Je construis mes parties en tierces ou en sixtes. C’est simple sur le papier, mais ça change tout dans la pratique.

Sébastien : De mon côté, je bosse beaucoup avec les capos. C’est fou ce qu’on peut obtenir comme textures rien qu’en les déplaçant. Et en ce moment, je travaille aussi le DADGAD. C’est l’open tuning qui me parle le plus. Je le découvre à ma façon, sans méthode académique, juste par exploration. Et je me remets un peu au picking aussi, pour retrouver de la fluidité. 


Comment se passent vos compositions et vos arrangements ? Vous travaillez toujours ensemble ?


Loris : Pas forcément au même moment, mais toujours en échange. Seb a une facilité naturelle pour les textes, moi pour les harmonies. Souvent, j’amène une suite d’accords, une base ; il écrit dessus. Ou alors c’est l’inverse : il arrive avec un texte, une idée de mélodie, et je construis autour.

On travaille les arrangements à deux. C’est là que tout se joue. Chaque chanson vit, bouge, évolue avec le temps. On a des morceaux qu’on a joués pendant un an avant de les figer. Et même après, on continue d’ajuster : placement des voix, répartition des guitares, structure.

Sébastien : Oui, une chanson n’est jamais finie tant qu’on ne la sent pas juste. Parfois, Loris arrive avec un morceau complet, comme La Graine, même le texte n’était pas de nous, mais on l’a arrangé ensemble, jusqu’à ce qu’elle sonne « Zam-Zam ». On a beaucoup de chansons enregistrées qu’on n’a jamais sorties, parce qu’elles ne correspondaient pas à notre univers. On les garde pour ce qu’elles nous ont appris. 

Ce qui reste central, c’est le texte. Raconter une histoire. L’habillage sonore vient après. Loris dit que j’écris beaucoup, c’est vrai. C’est presque un besoin. Et lui, il trouve toujours les bonnes couleurs musicales pour faire respirer mes mots.


Quels sont vos défis, vos envies, vos rêves pour le futur ?


Sébastien : Ce qu’on veut, c’est vivre des moments forts, simples et vrais. On ne court plus après la quantité. On veut des concerts où on se sent bien, où les gens écoutent.

J’ai un studio à la maison, donc on peut enregistrer dans de bonnes conditions. Les deux premiers albums, on les a mixés chez Claude Lander (Taurus Studio). Le prochain, on verra...

On a envie de rejouer plus, de retrouver cette complicité de la route. Peu importe la taille de la salle : ce qui compte, c’est l’attention du public. Et on veut enregistrer les morceaux qu’on joue depuis des années sans les avoir encore couchés. Lander

Loris : Oui, repartir sur la route, rejouer à deux. J’aime le duo acoustique. Et j’aimerais refaire un projet avec la violoncelliste qui était là dès le début et qu’on a retrouvée pour les 20 ans. Un truc très épuré : deux guitares, un violoncelle, une voix. Ce serait magnifique.


Enfin, quel conseil donneriez-vous à un.e jeune guitariste qui débute ?


Sébastien : Fais ce qui te plaît, sans te laisser décourager. Garde ton plaisir intact. La musique, ce n’est pas une course. Ne te compare pas. J’ai 54 ans et j’ai toujours le trac avant de jouer, mais c’est un trac positif, vital. Que tu joues devant dix ou deux cent cinquante personnes, l’essentiel c’est d’y mettre ton cœur. Travaille, mais pour toi. Et n’écoute pas ceux qui te disent que tu n’y arriveras pas.

Loris : Et surtout, joue avec les autres. C’est comme ça qu’on apprend, qu’on progresse, qu’on garde le feu. La musique, c’est avant tout une histoire de partage. Et si tu veux une guitare, va la choisir chez Servette-Music !