> Salut Pascal, tu es le fondateur et directeur d’Emagina-son depuis sa création il y a 10 ans. Avant d’en parler peux-tu nous présenter ton parcours ?
Mon parcours musical a commencé quand j’étais dans le ventre de ma mère. C’était une authentique chanteuse de flamenco de l’époque, formée dans les champs d’Andalousie de son enfance. Naturellement, j’écoute de la musique depuis toujours. Je pense que ça m’a apporté de la sensibilité mélodique et que ça a fait naître et grandir en moi l’amour de la musique d’une manière générale.
A 15 ans j'ai complétement trippé pour la basse, la guitare et la création musicale. En bossant sur les chantiers, j'ai pu me payer ma première vraie basse, sur laquelle j’ai appris de manière autodidacte et en prenant quelques cours. Puis j’ai voulu aller au cœur du sujet et je suis parti étudier au MIT à Los Angeles aux Etats-Unis pour suivre une formation pointue.
Après ça, j’ai vécu entre la Suisse, le Canada et les Etats-Unis, où j'ai participé à d’innombrables projets. Insatiable d'expériences musicales, j'ai rencontré autant de monde que possible, j’ai joué partout où je pouvais jouer, j’ai saisi toutes les opportunités. Puis au milieu des années 90, j’ai éprouvé le besoin de stabiliser ma vie et je me suis établi à Genève, où j’ai joué dans des groupes et commencé à enseigner.
En 2005, j’ai créé Emagina-son, qui était à la base un site de vente de trames sonores. C’était une manière de composer à la pelle des créations mêlant l'audio, le visuel et l'imaginaire. J’ai aussi créé Anima-Zic, qui proposait de l’animation musicale tout en continuant à donner des cours. En 2012, j’ai recentré mon activité sur l’enseignement en gardant le nom Emagina-son, qui correspond à mon concept d’intégration du visuel avec le son dans l’expression créative, et j'ai ouvert mon école de musique à Grand-Lancy en 2012.
> Quels sont tes styles préférés ?
Mes goûts ont évolué avec le temps. A mes débuts et jusque tard dans ma carrière, je jouais tous les styles : blues, rock, flamenco, musiques latines, disco… Toute opportunité était bonne à prendre et m'offrait un prétexte pour approfondir mes connaissances et affûter mon sens du rythme. Maintenant avec les années qui passent, je consacre mon temps à ce que j’aime le plus.
Actuellement je joue de la fusion, imprégnée de rock, de groove, de funk… On a eu la chance en Suisse d’avoir été à la croisée d’influences très diverses et cela ressort à travers une culture musicale qui a su mêler harmonieusement des styles avec de forts caractères. Et j’aime évidemment beaucoup le jazz, qui offre des possibilités d’expression très vastes.
> Sur quoi joues-tu en ce moment ?
Actuellement, je joue sur Fender Jazz Bass et j’utilise aussi une Music Man selon les projets. Ces instruments se complètent. Je n’ai pas encore trouvé la basse ultime, mais existe-t-elle ? (rires) Si je suis bien avec un instrument, mais qu’un nouveau projet en exige un autre, je m’adapterai et je changerai afin de trouver le son parfait pour l’occasion.
> Qu’est-ce qui est important pour toi dans une basse ? Quel conseil donnes-tu à tes élèves ?
Ce qui est important c’est de se sentir à l’aise de jouer avec un instrument. Il faut avoir le bon feeling. Après il y a le son, le manche, les notes, mais tout ça c’est plus abstrait. Le feeling, celui qu’on a quand on pose ses mains sur l’instrument, il doit être agréable. Ça c’est crucial.

> Tu as vu nos guitares au magasin, laquelle t’a tapé dans l’œil et pourquoi ?
C’est salaud de me demander ça après m’avoir fait faire le tour, je n'arrive pas à choisir (rires). Toutes. Je peux dire toutes ? Sinon, les Läkland m’ont tapé dans l’œil. Les raisons sont toujours les mêmes : la sensation et le son.
> Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?
A une époque où je cherchais une guitare acoustique, j’ai acheté ma Martin OM-21 chez vous. Je trouve super appréciable de pouvoir choisir dans différents budgets qui représentent bien les catégories d’instruments vraiment intéressantes. Ensuite, c’est juste génial de pouvoir tester un instrument tranquillement, c’est-à-dire d’avoir à la fois le choix, et le temps de choisir, pas juste en quelques minutes. Donc plutôt positive..
> Quels sont tes projets musicaux actuellement ?
J’ai deux projets principaux : d’un côté il y a Metro, qui est un groupe de compositions rock avec des accents funk et blues. On écrit les compos tous ensemble à l’ancienne, en faisant des jams et la musique qui en ressort est très festive et punchy. Ça me calme en particulier cette faim de jouer des trucs qui arrachent un peu.
Et puis d’un autre côté il y a PH4, qui est un groupe de jazz beaucoup plus délicat dans son expression. C’est un jazz poétique, très imagé, qui offre un autre terrain d’expression. Avec PH4 par exemple, je joue fretless. On a un vibraphoniste avec nous qui apporte des atmosphères acoustiques avec beaucoup de richesse harmonique et des couleurs très chaudes.
Je participe et je contribue à des spectacles ponctuels. J'organise des concerts mensuels cartes blanches des profs à la Cave Marignac, j’ai des projets de création personnel en attente… Et puis surtout je dirige Emagina-son.
Comme je l’ai mentionné au début, Emagina-son est une école au Grand-Lancy qui propose des ateliers, des cours et des stages de musiques actuelles. L’approche spéciale dans l’enseignement d’Emagina-son est d’insister sur le développement de la créativité des élèves qui agit comme un exhausteur, un booster de créativité. Nous allons puiser dans l’imagination, l’image et le son, pour construire un langage et partager des émotions.
> La pandémie a obligé à beaucoup adapter les méthodes d’enseignement de la musique. Quelles sont tes observations au sujet des cours à distance et des tutoriels ?
Pendant la pandémie on a pu sauver les meubles avec les cours à distance. Pour les ensembles ou les groupes c’était ingérable, mais en 1-1 c’était passable durant un temps. Par contre on s’est rendus compte au sein de l’école et dans nos échanges que la dimension humaine finissait par manquer. On est humains et finalement, les profs comme élèves préfèrent les cours en live. Jouer de la musique c’est une expérience infiniment plus riche à partager ensemble que chacun chez soi dans son salon… En plus de cet aspect humain, il y a le niveau d’efficacité pédagogique qui est diminué dans les cours à distance. En présentiel on peut mieux observer l’élève et on a ainsi accès à plus d’information pour donner du feedback.
Avec les tutos c’est un peu similaire : ça répond à une demande et ça aide à certains moments pour remplir un besoin. Mais plus que de pures leçons de guitare avec plein de contenu, les élèves ont surtout besoin d’un coach, c’est-à-dire de quelqu’un qui peut détecter ce qui bloque et les aider à le débloquer, que ce soit au niveau technique ou au niveau créatif.
> Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Depuis quelques années, nous proposons des stages de production et création musicale centrés sur l’exploitation des possibilités infinies qu’offrent les nouvelles technologies digitales. Les palettes sonores qui naissent de cela sont incroyables et il y a constamment des choses nouvelles à découvrir et à créer dans ce domaine.
En termes plus concrets, nous voulons continuer à développer des partenariats intéressants avec des acteurs locaux, associations ou entreprises, dans le cadre d’un projet à échelle humaine, qui ait une dimension presque familiale pour partager l’esprit d’Emagina-son.
