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14.06.2022 : Eric Bisoffi, guitariste professionnel et professeur de guitare à l’ETM : "j’ai d’abord été autodidacte, puis intégré différentes écoles".

14 juin 2022 par
14.06.2022 : Eric Bisoffi, guitariste professionnel et professeur de guitare à l’ETM : "j’ai d’abord été autodidacte, puis intégré différentes écoles".
SERVETTE-MUSIC SA, VPI


> Bonjour Eric, tu es professeur de guitare à l’ETM depuis plus de 20 ans, pourrais-tu nous parler de ton parcours ?

J’ai d’abord été autodidacte, puis intégré différentes écoles, dont l’ETM où j’enseigne maintenant. Ensuite, je suis allé au GIT à Los Angeles pendant un an et, mon diplôme en poche, je suis revenu à Genève pour obtenir un diplôme d’harmonie classique au Conservatoire Populaire à Genève. Depuis j’enseigne à l’ETM.


> Quels sont tes styles préférés ?

J’ai commencé par être attiré par la musique rock, hard-rock. Mais un jour j’ai appris que Van Halen avait joué un solo sur une chanson de Michael Jackson, donc il y fallu que j’aille y jeter une oreille. Et puis du coup, je suis tombé sur Prince, et j’ai débouché sur le funk, le jazz, la world music, et tout le reste…
J’ai beaucoup évolué avec le temps, au point de ne plus pouvoir dire qu’il y a des styles que j’adore ou que je préfère, aussi bien concernant la musique “de guitare” ou celle qu’on joue normalement avec d’autres instruments. Ce n’est pas toujours perçu comme une qualité dans le métier, de ne pas avoir un style à soi, mais puisque j’aime de tout, je ne peux pas vraiment faire autrement pour m’y retrouver.


> Sur quelle.s guitare.s joues-tu en ce moment ?

Je joue sur une Dowina Master Amber Road GACE DST/IR. Elle est absolument parfaite : confort, résonance, timbre, dynamique… Elle a un côté généreux, une sonorité incroyable. Elle me donne envie de jouer, de ne pas la lâcher, et j’ai besoin d’une guitare qui me fait cet effet. Je jouais sur une Takamine avant, une guitare que j’avais achetée à un élève, mais elle s’est voilée, et j’ai dû chercher un remplacement. J’ai découvert ma Dowina ici, à Servette-Music, et c’était le coup de cœur. Elle a une sonorité incroyable, à elle, et elle est d’une qualité impeccable à tous les autres points de vue.
Sinon j’ai bien sûr eu différentes guitares avec le temps. Il y a aussi un facteur sentimental qui joue, et j’ai toujours ma toute première guitare acoustique, une Ibanez entrée de gamme qu’on m’avait offerte ! Elle ne marche plus tellement bien à partir de la 12ème case, par contre…


>  Qu’est-ce qui est important pour toi dans une guitare acoustique ? Que conseille-tu à tes élèves de considérer dans leur choix ?

Il faut qu’une guitare me parle, qu’elle me donne quelque chose dans l’échange avec elle quand je la joue. Presque comme une personne, elle doit avoir un charisme, refléter quelque chose qui me donne envie de m’y intéresser. Ensuite, évidemment, la justesse, le confort de jeu, les avantages fonctionnels – donc concrètement si elle a un système de captation pour s’amplifier – sont des facteurs que je recherche et que je recommande. Mais avant tout : le cœur.


> Tu as vu nos instruments en magasin, lesquels t’ont tapé dans l’œil ?

Visuellement, je suis amoureux de toutes les guitares, donc en voyant l’incroyable palette que vous avez, c’était le spectacle. J’adore les Fender qui sont vieillies (NdR. : Fender Custom Shop Relic), les Martin qui ont un look de Western (NdR. : Martin Streetmaster)… Me poser cette question c’est comme demander à un enfant dans un magasin de bonbons lesquels ils préfère : la réponse c’est tous.


> Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?

J’ai acheté ma guitare acoustique, mon Helix, et d'autres choses chez Servette-Music. … Pas ma guitare électrique, cependant. Sergio est incroyable, c’est un plaisir de travailler avec lui pour trouver les bonnes solutions. Bien sûr il s’agit pour vous de vendre des guitares, mais l’accueil qu’on reçoit, et le conseil, la proximité, ça a de la valeur. Vous n’êtes pas les seuls à le faire, hein, mais vous le faites, donc je viens chez vous. Et puis vous avez une super sélection, vaste, donc j’envoie mes élèves chez vous en toute confiance.


> En tant que musicien, on passe sa vie à apprendre. Quelles sont les dernières frontières musicales que tu as repoussées ?

J’ai l’impression qu’on repousse des frontières chaque jour. En musique il y a beaucoup de choses qui ne sont pas tangibles, mais qui se concrétisent tout de même sur le long terme. Alors je pourrais te dire que je travaille ma technique, que je me concentre sur les glissés, sur le fait d’être plus fluide dans mon phrasé, les nuances de mon expressivité… Je travaille en fait tellement sur tout un tas de choses, que c’est difficile de mettre le doigt sur un élément en particulier.
Au moins deux fois dans la semaine, je mets la radio, et je joue tout ce qui passe. C’est tellement formateur. Cela entraîne l’oreille, la réactivité, le rythme, bref le langage musical. Je n’apprends rien à personne en disant que d’acquérir et de développer ce langage, c’est essentiel pour évoluer en tant que musicien, et donc finalement, ce développement a constamment lieu au fur et à mesure qu'on échange les uns avec les autres.


> Est-ce que tu joues d’autres instruments ?

Je joue du pipeau et de la viole de gambe (rires). Plus sérieusement, j’ai commencé par jouer de la batterie, parce que je voulais jouer de la guitare, mais mes parents ne voulaient pas. Un copain avait une batterie, et j'ai donc pu m'y mettre comme ça. Je joue aussi un peu de basse, car comme de nombreux guitaristes, je suis capable de m’improviser bassiste, étant donné la configuration de l’instrument. J’ai aussi fait une formation classique au piano, mais je ne dirais pas que je sais en jouer. Au final, c’est surtout la guitare qui me parle. Le reste est pratique durant les cours pour montrer quelque chose aux élèves.


> Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?

Je suis client depuis mon arrivée à Genève en 2005. Avec le temps, la relation avec Servette-Music est devenue un partenariat qui dure depuis quelques années déjà. J’apprécie le fait que l’équipe soit très professionnelle, et que les produits sont tous de très bonne qualité.


> Quelle est ton approche en matière d’enseignement ?

C’est une approche humaine, fondée sur l’échange, le contact et compréhension de la personne qui se trouve en face de moi. On m’a souvent demandé “Ça ne t’ennuie pas de toujours enseigner le même accord de do ?”. Mais non, car c’est à de nouvelles personnes, et ça change tout. Je ne prends pas un pied particulier sur l’accord de do, et ce n’est pas la peine, heureusement. C’est l’échange avec l’élève, mettre en place les conditions pour que chez lui ça fasse “Ah ouais, c’est comme ça que ça marche !” ou tout simplement qu’il arrive à faire ce qu’il voulait faire, qui compte pour moi. Dans cette dynamique, on reçoit beaucoup en tant qu’enseignant. Pour moi au départ, l’enseignement était un gagne-pain, et je n’avais pas du tout l’idée que j’y prendrais tellement de plaisir. J’y trouve une telle richesse, que j’ai compris ce que c’est d’avoir une vocation. J’ai beaucoup de chance pour ça aussi.
Je travaille aussi beaucoup avec la vidéo dans mes cours. Je fais des vidéos de fin de cours, pour accompagner l’élève durant la semaine. Je regarde moi-même ce que plein d’autres artistes, et enseignants, ou même parfois juste des passionnés, font de l’usage de la vidéo pour transmettre des idées, des techniques, faire passer le message. Ça ne remplace pas le prof, ça ce n’est pas possible, mais ça enrichit et facilite l’apprentissage pour les élèves.


> Pourrais-tu nous présenter tes projets en ce moment ?

D’un point de vue personnel, d’abord, de toujours avancer sur cet instrument qu’est la guitare comme moyen d’expression et de communication. La guitare est au centre de ma vie, c’est normal. D’un point de vue jeu en groupe, j’ai un groupe de reprises, Wave10, avec lequel on vise toujours plus haut. Prochainement nous allons d’ailleurs jouer pour l’arrivée du Tour de France. Sinon j’ai quelques projets qui ont un peu subi des ralentissements dûs à la pandémie, et dont j’espère qu'ils vont gentiment reprendre.


> Quel est ton meilleur souvenir musical ?

Mon souvenir musical le plus impressionnant, c’est le concert Tribute à Miles Davis qui a eu lieu peu après son décès, auquel j’ai assisté à San Francisco, en 1991. Il y avait quelque chose d’électrique dans l’air, j’ai été très touché. Sinon en ce qui me concerne personnellement, j’ai de très bons souvenirs musicaux, mais j’ai aussi pris des baffes monumentales… Au final chaque moment est un peu unique, et c’est sur le coup qu’il a une valeur qui ne se compare pas, puisqu’il s’agit ce qu’on partage avec d’autres.