> Bonjour Marie, tu es clarinettiste professionnelle et professeure de clarinette au Conservatoire populaire, peux-tu présenter ton parcours musical ?
Mon parcours a essentiellement été un parcours de musicienne classique, à travers divers conservatoires, avec des clarinettistes tels que Bruno Martinez, Romain Guyot, et Florent Héau. J’ai ensuite terminé mes études à la HEM de Genève, un cursus au cours duquel j’ai tout de même fait une pause entre le Bachelor et le Master. Ça m’a permis d’aborder d’autres types de musique et d’autres milieux. Le tournant a été radical pour moi, car je me préparais alors au concours d’orchestre mais j’ai finalement tiré un trait sur ça. J’ai réalisé que j’avais envie de faire d’autres choses, notamment du spectacle, des groupes de chansons… J’ai donc conservé cette ouverture, et je ne suis plus jamais revenue en arrière.
Mes premiers groupes ont été Matka, un ensemble de musique contemporaine, et lorsqu’on s’est séparés, j’ai intégré Vidya. J’ai fait l’expérience de la gestion d’une petite institution : monter des dossiers de subventions, des programmes… J’ai aussi régulièrement travaillé avec Contrechamps, et également fait partie d’un trio de musique de chambre (clarinette/violoncelle/piano) qui s’appelait Prisme.
Aujourd’hui, je fais partie de la fanfare du Loup, je joue dans un trio qui s’appelle Meigmata, avec lequel on fait des compositions sous la contrainte de les composer à partir d’une métrique asymétrique ou impaire. Je joue aussi dans un groupe d’impro libre, qui s’appelle Parasite / sans S, un quatuor de bal folk, un répertoire auquel on se réfère comme néo-trad, qui s’appelle Frères de Sac 4tet, et bien sûr Id-Pop, avec Sergio, qui est un groupe de pop francophone. Enfin, je donne des cours au conservatoire, sur lequel je concentre mes disponibilités pour ce qui concerne l’enseignement.
> Bonjour Marie, tu es clarinettiste professionnelle et professeure de clarinette au Conservatoire populaire, peux-tu présenter ton parcours musical ?
Mon parcours a essentiellement été un parcours de musicienne classique, à travers divers conservatoires, avec des clarinettistes tels que Bruno Martinez, Romain Guyot, et Florent Héau. J’ai ensuite terminé mes études à la HEM de Genève, un cursus au cours duquel j’ai tout de même fait une pause entre le Bachelor et le Master. Ça m’a permis d’aborder d’autres types de musique et d’autres milieux. Le tournant a été radical pour moi, car je me préparais alors au concours d’orchestre mais j’ai finalement tiré un trait sur ça. J’ai réalisé que j’avais envie de faire d’autres choses, notamment du spectacle, des groupes de chansons… J’ai donc conservé cette ouverture, et je ne suis plus jamais revenue en arrière.
Mes premiers groupes ont été Matka, un ensemble de musique contemporaine, et lorsqu’on s’est séparés, j’ai intégré Vidya. J’ai fait l’expérience de la gestion d’une petite institution : monter des dossiers de subventions, des programmes… J’ai aussi régulièrement travaillé avec Contrechamps, et également fait partie d’un trio de musique de chambre (clarinette/violoncelle/piano) qui s’appelait Prisme.
Aujourd’hui, je fais partie de la fanfare du Loup, je joue dans un trio qui s’appelle Meigmata, avec lequel on fait des compositions sous la contrainte de les composer à partir d’une métrique asymétrique ou impaire. Je joue aussi dans un groupe d’impro libre, qui s’appelle Parasite / sans S, un quatuor de bal folk, un répertoire auquel on se réfère comme néo-trad, qui s’appelle Frères de Sac 4tet, et bien sûr Id-Pop, avec Sergio, qui est un groupe de pop francophone. Enfin, je donne des cours au conservatoire, sur lequel je concentre mes disponibilités pour ce qui concerne l’enseignement.
> Quels sont tes styles préférés ? Comment ton approche a-t-elle évolué avec le temps ?
En tant que musicienne, et pour ce qui est du répertoire de la clarinette, mes styles préférés englobent tout ce qui est moderne et contemporain. Il y a bien sûr aussi de très belles pièces romantiques, et j’affectionne particulièrement la musique des Balkans et le jazz. Après, je ne joue pas typiquement de jazz, mais c’est un territoire que je développe avec la fanfare du Loup.
En tant que mélomane, j’écoute beaucoup de choses très variées : de la musique baroque, un peu de rock… J’aime bien les musiques complexes, les grosses pièces d’orchestre comme le Sacre du printemps de Stravinsky, ou le Concerto pour orchestre de Bartok. Et puis d’une manière générale, j’aime beaucoup toute les musiques traditionnelles au sens large. Toutes ces musiques que j’ai découvertes, de tous les pays, et particulièrement de France : la musique bretonne, auvergnate, savoyarde… Cela se distingue du folklore, car c’est moins lié à des fêtes de village, et plus intégré dans le quotidien des peuples. D’ailleurs je joue un peu de Duduk, un instrument traditionnel qui me permet d’aller chercher de nouvelles idées.
> Quelles sont tes influences principales ?
Mes influences viennent d’abord de chaque concert auquel j’ai assisté. Je ne jouais plus de la même façon après avoir écouté Portal et Galliano, par exemple. Evidemment, tous les styles qui m’intéressent m’influencent : la manière de jouer, les types de sons. Je suis très perméable, et bien sûr les rencontres que j’ai faites, les musiciens que je côtoie me marquent beaucoup. Les gens très créatifs, ou qui sont très spontanés, les improvisations et les solos très expressifs, laissent en général un empreinte assez forte sur mon propre jeu et mon approche. En collectif, le ping-pong d’idées enrichit évidemment ma manière de jouer. J’aime cette création dans laquelle on développe un thème ou une mélodie au point de ne plus savoir d’où ils viennent.
> Tu joues sur Buffet Crampon, quelles sont les qualités de ces instruments pour toi ?
J’ai une RC Prestige en Sib avec un corps en Greenline, un baril et un pavillon en bois. J’ai choisi cet instrument avec Bruno Martinez, mon professeur de l’époque, qui est un connaisseur, en allant directement à l’usine Buffet Crampon. J’aime particulièrement la facilité de jeu, et la possibilité qu’elle offre de changer de timbre aisément, en modifiant ma façon de jouer, le bec, ou les anches. C’est un instrument avec lequel je me sens très bien. J’ai aussi une RC en La customisée au niveau de l’intonation. C’est une clarinette que j’ai rachetée à mon professeur Romain Guyot, dont j’aime beaucoup la sonorité chaude et ronde. Il pourrait manquer un peu de brillance et de facilité de jeu, mais cela me permet de m’investir dans l’instrument à travers le travail que je fais avec. Enfin, j’ai une clarinette basse Tosca, qui est ma dernière acquisition. Je lui trouve une sonorité très douce, très pure, avec une grande facilité de jeu dans les aigus. Elle a aussi une belle projection, et comme elle est un peu plus courte, elle a beaucoup de punch, ce qui convient notamment avec la fanfare du Loup, car elle perce bien dans l’ensemble sonore, tout en gardant une grande chaleur. J’ai aussi de nombreuses fois joué de la clarinette contrebasse, et j’apprécie cet instrument qui grogne, très organique, même s’il est assez “high maintenance”. Les slaps sont énormes, il y a des multi-phoniques très riches.
> Je crois savoir que ton jeu a évolué avec le temps, peux-tu nous en parler ?
Mon esthétique de son idéale au début était vraiment le son classique très pur. Je détestais d’ailleurs le vibrato, que je trouvais de très mauvais goût. Et puis un professeur a su me faire entendre un léger vibrato en fin de note, ce qui a radicalement changé ma manière de voir les choses. En quittant la musique classique, et en m’intéressant aux musiques traditionnelles, j’ai ensuite découvert d’autres type de sonorités, et j’ai été surprise par la palette expressive qu’il est possible de couvrir. Du coup je me suis penchée sur les diverses variétés de sons, de la clarinette New Orleans qui piaille dans les aigus, aux instruments plus venteux, hyper expressifs dans leurs soi-disant défauts. Je joue encore avec un son très pur, coloré par du vibrato, du slap, du growl, etc., mais j'ai envie d'aller plus loin dans l'aspect granuleux du son. J’ai encore un peu de mal avec certains vibratos, comme le vibrato à la Sidney Bechet, car c’est parfois trop pour moi. D’une manière générale, mon écoute a énormément évolué, notamment à travers l’improvisation, où si je garde mon jeu classique, ça devient vraiment ennuyeux. Le nuances de jeu, les palettes de son, les ghost notes, toutes ces choses se sont ajoutées à mon approche et contribuent à enrichir mon jeu.
> Qu’est-ce qui est important pour toi dans une clarinette ? Que conseilles-tu à tes élèves de considérer dans leur choix ?
Pour moi la première chose reste le son. La facilité de jeu est super importante aussi, car on peut aimer le son d’une clarinette, mais si on doit se battre contre elle ça n’ira pas non plus. L’homogénéité de l’instrument permettra de pouvoir se balader sur tous les registres, et je recommande aussi de tester toutes les nuances pour ne pas se sentir limité en jouant fort, et ne pas avoir trop de mal en jouant doucement. Enfin, je recommande aussi toujours d’avoir quelqu’un qui puisse donner un feedback sur le son, donc une oreille extérieure, parce qu’entre l’impression qu’on a en jouant et celle du public, il y aura toujours un décalage.
> Tu as vu notre sélection chez Servette-Music au magasin, qu’en penses-tu ? Y a-t-il un instrument qui t’a tapé dans l’œil ?
Concernant la clarinettes en Sib, j’ai eu un faible pour la Légende, que j’ai trouvée très facile de jeu, très pure, vraiment maniable à tous points de vue, la sensation ergonomique et la facilité de jeu, en ayant un tres joli timbre. La Tosca était aussi très agréable à jouer, un peu plus ronde. En La, la Divine emporte mon approbation. C’est une clarinette très douce et raffinée, à tel point que je n’avais plus envie de la lâcher. Et dans les clarinettes basses, la Tosca sans extension est souple et pure, et offre une palette sonore tres large. Vous aviez aussi une Selmer Privilège qui m’a surprise, car elle était plus facile à jouer que je ne le pensais. Elle a une autre esthétique sonore que les Buffet Crampon, très intéressante.
> Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?
C’est un lien de fidélité. Vous êtes toujours disponibles, avec un accueil chaleureux, et on finit par connaitre tout le monde chez vous, ce qui est agréable. Servette-Music est un endroit où je peux en toute confiance demander des conseils et essayer des choses. Il y a énormément d’instruments et de matériel. Je viens essayer tous les becs qui m’intéressent pour mes élèves, et je peux prendre le temps de m’installer et de choisir du matériel, ce qui est très précieux. Des gens de Servette-Music m’ont aussi donné des idées, fait essayer du matériel qui m’a amené à transformer mon jeu. Typiquement, Sergio m’a proposé d’essayer un micro interne, ou les effets sur un pedalboard, que j’ai intégrés à mon setup. Et puis tout ça a fini par créer des liens d’amitié, ce qui n’est pas un détail.
> En tant que musicien, on passe sa vie à apprendre. Quelles sont les dernières frontières que tu as repoussées musicalement ?
On continue bien sûr toujours à apprendre. Les dernières frontières que j’ai repoussées ont été l’improvisation, la composition collective en groupe, et la composition écrite seule, c’est-à-dire concrètement moi toute seule à ma table, devant une page blanche, et devant écrire pour 12 musiciens de la fanfare du Loup. J’ai par ailleurs démarré une formation autour de la respiration, qui reste fondamentale pour notre instrument. Pour ça je suis allé voir une spécialiste, Blandine Calais-Germain, et je pense qu’il était bien temps de m’occuper de cet aspect du jeu. Je suis aussi une formation d’harmonie jazz en ligne, qui fait partie des choses que je voulais approfondir.
> Quels sont tes projets actuels, tes défis, et tes envies pour le futur ?
Avec Meigmata, un trio batterie/piano/clarinette au sein duquel nous composons ensemble avec pour règle du jeu de composer avec des métriques impaires asymétriques. Nous sommes influencés par la musique des Balkans, qui emploie beaucoup ce genre de métriques, et nourri de jazz à travers nos différentes approches. Nous faisons donc aussi un peu d’improvisation.
Avec Parasite / sans S, un groupe d’impro libre totale, c’est le grand lancer dans le vide à chaque fois. Nous jouons sur-mesure en fonction des lieux et des contextes dans lesquels nous nous trouvons. Nous avons fait des ciné-concerts, avec de la danse, pour la remise du prix de BD Topfer. Ce sont ces contextes qui influencent notre musique, de nouveau dans une formation batterie/piano/clarinette. C’est pour moi le terrain de jeu de la clarinette sonorisée, avec utilisation de pédales d’effets.
Je joue également avec Frères de Sac 4tet, un quatuor de musique néotrad associée au bal folk, donc nous pouvons jouer pour du bal folk et en concert. Nous faisons ou bien des arrangements autour de musiques traditionnelles, des musiques collectées, retranscrites et arrangées à notre manière, ou bien des compositions de notre accordéoniste arrangées en groupe. Dans ce groupe, on retrouve des instruments un peu plus exotiques, tels que le nyckelharpa, la cornemuse, des flûtes à bec, de l’accordéon diatonique… Nous sommes deux à y jouer de la clarinette basse, ce qui fait son petit effet sur scène.
Je joue aussi dans Id-Pop avec Sergio Barbieri, un groupe pop-rock qui comprend voix/guitare/clarinette/boite à rythme. C’est de la musique que je n’aurais jamais abordée sans la rencontre avec Sergio, mais mes préjugés sur la pop ont été complètement désamorcés à partir du moment où j’ai commencé à travailler dessus. Avec Id-Pop nous avons plutôt fait du studio, et très peu de concerts jusqu’à présent, mais c’est l’étape à venir. C’est intéressant pour moi de travailler la différence entre des musiques qu’on enregistre en studio, avec autant de voix qu’on souhaite, et leur versions en concert à trois, où se pose la question de savoir ce qu’on garde de l’identité d’un morceau pour le faire vivre en live.
Je joue aussi dans la fanfare du Loup depuis un an et demi, un collectif avec des thématiques de concert hyper variées, allant de la cumbia, au hip-hop, au spectacle de marionnettes, à la poésie… C’est très hybride comme musique, et chacun y est appelé à arranger ou à composer, ce qui donne une jolie palette à l’orchestre, et des concerts assez surprenants.
En termes de défis, en ce moment pour moi c’est l’improvisation, davantage dans le style jazz, en trouvant mon chemin en gardant une certaine identité sans faire de copier/coller. Avec la fanfare du Loup, le challenge est de continuer à mener des projets jusqu’au bout, ce qui n’est pas si facile car cela prend du temps. Enfin, mon envie en ce moment est de revenir à la scène du spectacle, qui exige un investissement de temps assez colossal pour la création et la mise en place.
> Quel est ton meilleur souvenir musical ?
Mon premier choc musical était l’écoute du Sacre du printemps de Stravinsky en fouillant dans la discothèque de mes parents. Mon dernier souvenir dans les études était le Concerto pour orchestre de Bartok dirigé par Gabor Takács, qui est capable de faire lever tout un pupitre de violons pour qu’il soit plus mobile et que les musiciens s’éclatent en jouant. Et puis il y a un concert de Steve Reich avec Contrechamps auquel j’ai participé lors d’une fête de la musique dans la cour du Musée d’art et d’histoire. Voir les gens debout, avoir le sentiment d’embarquer tout un public était une expérience formidable.